Interview écrite de Ali Dani à Radio Sputnik 17/02/2016

Interview écrite de Ali Dani à Radio Sputnik 17/02/2016

17 février 2016

Le rôle de Turquie et la France en Syrie8a246b91-a16e-4b1b-92e4-4e1cee25b638

Après l’appel de Paris à mettre fin aux raids aériens visant les unités de protection du peuple YPG, Ankara lui a fait part de son mécontentement. Les ministres des deux pays se sont accordés lundi sur le renforcement de la coopération dans la lutte contre Daech. Mais est-ce bien Daech que combat la Turquie en Syrie ?

La coalition occidentale, la Turquie et les pays arabes du Golfe ne combattent absolument pas Daech. C’est eux qui l’ont créée : les occidentaux ont apporté les armes, l’encadrement logistique militaire et l’entraînement aux techniques de guérillas. Tous cela depuis le début de la crise syrienne c’est déroulé essentiellement sur le sol turc : en quelques années la Turquie est devenue le centre mondial de l’accueil du terrorisme.

Ex1. Les terroristes de Daech avec l’aide de l’armée turque contrôlent la frontière avec la Syrie vers la ville stratégique syrienne de ‘Aïn-Al-‘Arab (Kobane).
Ex2. La vente du pétrole irakien et syrien en toute collaboration avec les firmes pétrolière multinationale et les gouvernements occidentaux : PILLAGE DE RESSOURCES DE PAYS SOUVERAINS.

Le fait qu’Ankara bombarde les Kurdes qui sont les alliés de Paris et de Washington, n’est-ce pas une preuve évidente des réelles intentions de la Turquie ?

L’aspect stratégique : comme nous l’avons dit tous ces pays sont des alliés objectifs et de circonstances, mais en diplomatie « il n’y a que des intérêts », d’autant que les Etats-Unis avec Obama ont décidé de prendre du recul dans cette affaire, ce qui laisse beaucoup de latitude aux autres acteurs :

• l’Europe et la France en particulier qui a une très grande responsabilité dans toute cette crise syrienne (beaucoup de représentants et de membre des gouvernements français devraient être déférés dans un tribunal international et national), l’Arabie Saoudite qui finance avec ces pétro-dollars toutes les opérations et qui incite à la guerre avec l’idéologie meurtrière salafistes et wahhabites.

• Pour ce qui est de la Turquie, elle a un objectif simple qui est porté par Erdogan, et dévoloppé par son premier ministre Ahmet Davidtoglu : le « néo-ottmanisme » qu’il résume dans son livre La profondeur stratégique et prétend que les pays qui forment l’ancien empire ottoman doivent revenir sous le contrôle de la Turquie.

L’aspect tactique : de plus, il faut savoir que lorsqu’il a été décidé d’attaquer la Syrie en 2011 au lendemain des révolutions arabes, des alliances régionales s’étaient formées pour avoir une part du gâteau. Concrètement chacun créée son propre groupe armée pour ses propres objectifs et dans différentes partie du territoire syrien : l’Arabie-Saoudite, Israël et la France ont créée et favorisé le Front Al-Nosra (Sud de la Syrie et protège Israël), la Turquie-le Qatar ont plutôt créée et favorisé le groupe Daech avec l’aide des frères musulmans d’Egypte. La Turquie s’est fortement investi dans ce groupe et n’accepte pas si facilement qu’on la dépossède de sa marionnette en Syrie et en Irak qui lui permettrait d’obtenir un pouvoir sur ces territoires.

En annonçant le renforcement de la coopération avec les Turcs, le nouveau ministre français des affaires étrangères cherche-t-il à revoir la politique extérieur de la France dans la région ?
La France et les européens ont été plus ou moins forcés d’accepter de travailler avec la Turquie puisqu’elle permettait de garder les réfugiés syriens. Depuis des mois des pressions de toutes sortes étaient exercées sur Ankara pour qu’elle se joigne à la coalition anti-daech ce à quoi elle refuse tant qu’elle n’obtiendra pas de gage en échange qui puisse lui permettre de garder ses positions en Syrie et en Irak : manifestations sur la place Taksim, des critiques sur le non-respect des droits de l’homme (Sarkozy qui reconnaît le génocide arménien), des rapports de service qui confirme le laxisme dont elle fait preuve envers les terroristes qui viennent facilement en Turquie (ce qui est vrai d’ailleurs).
Ainsi pour mettre la pression sur l’Europe (France et Allemagne) elle a ouvert les camps de réfugiés en leur a sommant de partir direction l’Europe.

LE MESSAGE EST PASSE ET DONC ILS N’ONT PLUS LE CHOIX QUE DE COLLABORER EN TOUT CAS NOUS VERRONS CE QU’IL VA SE PASSER.

Ne croyez-vous pas que c’est un signe alarmant qu’on flirte avec Ankara qui ne fait que freiner et empêcher le règlement du conflit en Syrie ?
Ankara ne souhaite pas le règlement du conflit, tout comme la France parce qu’ils veulent leur part du gâteau. Ceux qui essaient d’obtenir ce règlement en Occident, ce sont les Etats-Unis d’Obama qui cherchent à se désengager au Moyen-Orient : Traité sur le nucléaire iranien, la possibilité ces jours-ci d’un cessez-le-feu en Syrie et des négociations sous l’égide des vraies pacificateurs à savoir l’Iran et la Russie.
Qu’en est-il de la coopération renforcée en Syrie avec la Russie qui a été annoncée sous Fabius ? Quelles perspectives pour cette collaboration à la lumière de l’intensification du dialogue avec Ankara ?

En politique, il faut se méfier des effets d’annonce surtout de la part de la diplomatie française qui est spécialiste de la langue de bois et des revirements : paroles et promesses des politiques français : « elles n’engagent que ceux qui y croient ».
Perspective pour un engagement avec la Russie et l’Iran pour un règlement en Syrie :

-Arrêter de soutenir les terroristes en sous-main en Syrie et parler de guerre contre le terrorisme et d’Etat d’urgence pour stigmatiser encore plus les populations arabes et musulmanes en France.

-Arrêter de demander le départ de Bachar-al-Assad qui est légitime et soutenu pas 70% à 90% de la population.

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